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Écrire, c'est laisser pousser la plante (suite)

Donc on a planté un herbe. Et puis le temps passant a poussé une forêt. Touffue. Trop. Il va falloir défricher, couper. Obtenir une futaie solide, claire, lumineuse et bruissante. Mais d'abord la forêt.

Les chemins qu'on s'était tracés sont moins visibles. Les repréciser, élaguer autour. Ce sont nos boussoles. Ils sont dans nos poches depuis le début. Comme les cailloux blancs à la Petit Poucet. Eux-aussi on les a essaimés : un personnage par-çi, un thème fort par-là, une intrigue secondaire, un cauchemar ou un rêve; et tiens, une scène de sexe aussi, forte, idéale, ou sinistre. L'amour en forêt, c'est un fantasme universel. Un fantasme dans le fantasme. Celui de faire d'un arbre une forêt.

Donc retrouver les petits cailloux blancs. Ils sont hors chemin eux, mais bien là. Cadastre invisible de la forêt. Surfaces où tombent vraiment la lumière. C'est autour d'eux qu'il faut tailler pour aller vers la futaie. Mais ne pas raser hein ! Seulement ôter les buissons épineux, ceux qui masquent l'horizon, et les arbustes tordus ou trop chétifs aussi. Ce qui nuit aux cailloux blancs. A la lumière. Elle est nécessaire même quand le sujet est noir : un polar ou un thriller abscons, où l'on se perd, tombe des mains, comme le bâton du randonneur quand il rebrousse chemin trop tôt.

Oui, ne jamais le perdre en route le randonneur-lecteur, quels que soient les chemins qu'on lui fait perdre. L'aider aussi à voir les cailloux. Pas trop facilement. Il faut lui faire confiance, le laisser aller également à sa guise, ce second Petit Poucet. Toute écriture vient du conte et de l'enfance. Et écrire comme lire sont un jeu.

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